Panneaux troués, panneaux tagués, panneaux bombés, mais panneaux libérés ! Libérés de tout ce que l’on attend en général d’un panneau : l’information.
Est-ce exagéré ? Sur la route communale n°2 de Luri, qui conduit au hameau d’Alzetu, un panneau routier placé à la croisée des chemins possède, à lui tout seul, l’ensemble des caractéristiques d’une plaque aussi martyre que mystérieuse. Percée par dix impacts de gros calibre et quelques nuées de chevrotine, elle est peinturlurée de bleu et bombée au pochoir. Quelques graffitis orange accentuent l’impression d’être devant un jeu de piste qui ne dit pas son nom. La direction indiquée est à peine lisible : l’Alzetu. L’autre direction est effacée.
Le panneau de l’Alzetu, qui pourrait figurer dans un musée d’art contemporain, n’est pas unique en son genre. À Cagnano aussi, pendant plusieurs années, la plaque indiquant le village était totalement bombée.
À Pietracorbara, la moitié du panneau a été noircie. Idem à Sisco, à l’entrée nord du village, la tôle a été fleurie par quelques tags peu amènes. Est-ce seulement la guerre de la corsisation des noms de lieux qui fait rage et dont ces pauvres indicateurs routiers sont les otages ? Le mal est plus profond : depuis plusieurs années déjà, les panneaux sont bilingues et donc inattaquables, mais cela ne calme pas les ardeurs des bombeurs compulsifs. Ils continuent à bomber, bomber, bomber.
À l’opposé, il y a les bons élèves de la bonne direction : Spergane, « commune de Luri », est un panneau fait main. L’écriture est appliquée, l’information incontestable. À Barrettali, à l’entrée nord du hameau de Minerviu par le CD 80, un autre panneau fait main vous hèle et vous prévient : « ici c’est Minervio ».
Pas question de se tromper ! À Meria, la partition communale entre Meria et sa marine ne saurait être masquée. Elle s’affiche, noir sur blanc, sur un panneau de bois.
Enfin, il y a, parfois, surabondance de panneaux. On ne sait plus où donner de la tête. Ce festival du directionnel vous le rencontrerez  à Morsiglia mais surtout à Canari.
Et ne vous hasardez pas, après ça, à dire que vous avez manqué d’informations routières !