Le Cap Corse, terre solaire, cultive-t-il l’art de produire des cadrans qui donnent l’heure par l’action combinée des rayons et de leur ombre portée par le gnomon, autrement dit « le style » ou « l’aiguille », hiver comme été ?
La réponse est incertaine. Car il y a deux sortes de cadrans : les anciens et les modernes. A Brando, sur le mur d’une vénérable maison, quelques chiffres incrustés attestent la présence d’un cadran. Mais, point de cadrans sur les façades des édifices religieux. Célébrer le soleil, astre païen, n’a jamais été du goût de l’Église catholique. Sur le fronton de Saint-Pantaléon, à Barrettali, les rayons qui fusent du cartouche supérieur de la façade sont ceux du triangle de la Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Pour les cadrans solaires modernes, c’est-à-dire ceux du siècle dernier, il existe quelques beaux spécimens. A Barrettali, au hameau de Chiesa, il en est un de belle facture. A Canari aussi, un cadran propose son heure solaire. Enfin à Pietracorbara, au hameau de l’Orneto, une lauze transformée en cadran, placée en hauteur sur une ancienne maisonnette agricole, déroule le temps qui passe en affichant une devise optimiste : « Tu fa » (Toi, agis). Le soleil, lui, n’a besoin d’injonction d’aucune sorte pour être chaque jour au rendez-vous avec la Terre.