Le Chemin de Lumière, dans sa traversée du Cap Corse d’est en ouest, de Pietracorbara à Barrettali, a popularisé une idée simple et, jusque là, passée totalement inaperçue : dans le Cap Corse on peut voir, le même jour, le soleil se lever et se coucher sur la mer. Il suffit d’aller du levant (l’est) au ponant (l’ouest) pour suivre, le matin, le soleil surgir de l’horizon et, le soir, s’y laisser couler en silence. Spectacle à la fois banal et saisissant, sur grand écran panoramique, totalement gratuit et renouvelé à l’infini. « Que le soleil est beau quand tout frais il se lève » écrit Baudelaire dans les Fleurs du mal, et « Courons vers l’horizon, il est tard, courons vite, Pour attraper au moins un oblique rayon ! ».

Où profiter au mieux de ces obliques rayons, ceux du matin, mais plutôt ceux du soir ? Pour ceux du matin, le mieux est de partir, à la fraîche, au-dessus des vallées de l’est : Brando au-dessus de Silgaghja, Sisco depuis le col Saint-Jean, Pietracorbara, au rocher du Frate, Luri à Pinzu a Verghjine.

Pour le soir, profitez des cinquante nuances d’orange qu’offre un coucher de soleil en allant, à Morsiglia, sur la crête de Racamu avec ses deux moulins dont l’un est ruiné. A cet endroit les roches et les pierres s’illuminent d’un orange profond, presque fluo. A Centuri, au lieu-dit Grotte a e piane, le soleil se joue des anfractuosités du schiste et des murs. Des ombres se forment et s’étalent. A Barrettali, au village abandonné de Ficaghjola, les murs dressés s’éclairent comme des phares et la campagne environnante ressemble à un incendie. A Olmeta di Capicorsu, enfin, sur le sentier de Grotta scritta, la dernière lumière et ses dégradés d’orange montent de la Balagne et de la masse de l’île qui s’étend, au sud.