Rien de mieux que voir le Cap du ciel pour en mesurer la monumentalité. C’est un bloc de maquis vert sombre posé sur une plaine bleu marine, un condensé de l’image rebattue de l’île, cette « montagne dans la mer ». À part le versant est, entre Bastia et le bord de mer jusqu’à Erbalunga, le massif, vu de haut, paraît peu entamé par une urbanisation invasive. Les hameaux, dans les vallées, ressemblent à des traînées claires. Les sommets sont tristement pelés en raison des incendies à répétition et des brûlages prétendument contrôlés, un remède pire que le mal.
Fort et fragile Cap Corse ! Vu de haut, il semble inexpugnable. Vu de près, il subit de nombreuses atteintes à son intégrité environnementale. Il en est une qui se voit de haut et qui, dira-t-on, fait partie du paysage : la cicatrice de l’ancienne usine d’amiante de Canari qui n’est pas près de se refermer, avec son puits en gradins et son cône renversé, sans fond. Et puis, il y a les îlots détachés du Cap que sont Finocchiarola, Giraglia et Capense. Ils sont au nord en sentinelles. Les plages, les criques, les pointes sont soulignées par le blanc des vagues qui, par temps de libecciu, ourlent la côte ouest comme un feston. Voici une galerie de douze prises de vue qui donnent à voir le Cap du ciel, à bonne hauteur, c’est-à-dire pas trop de loin et pas trop de près.