Vestige du temps passé et souvent idéalisé, la tribbièra –le battage du blé- était un temps fort des communautés villageoises. Il reste aujourd’hui, dans chaque village, plusieurs aires de battage – aghje – plus ou moins bien conservées.
Les plus belles sont à Barrettali (Minerviu et Ficaghjola), à Olmeta di Capicorsu (chemin de grotta scritta), à Luri (hameau de Fienu). Elles sont généralement situées sur un point haut et venté comme l’est à Pietracorbara l’aire reconstituée sur le sentier botanique du Castellare, ou sur un lieu de passage comme le col de Sellole (970 m) sur le trajet du Chemin de Lumière.
Les aires sont toutes circulaires, d’un diamètre constant d’environ neuf mètres et parfaitement planes. Des lauzes dressées à 90 ou 135° par rapport au sol en marquent les limites. Les aghje, dans les villages les plus riches, étaient dallées (Barrettali, Canari, Olmeta, Luri). Ailleurs, on tapissait le sol d’une couche de bouse de vache diluée dans de l’eau. Séchée sur place, elle faisait merveille : souple aux sabots des bœufs, elle chassait les fourmis.
Jusque dans les années cinquante mais principalement au XIXe siècle, le battage du blé était effectué fin juin. Les gerbes de céréales étaient disposées sur le sol. Les bœufs tournaient dans l’aire, souvent les yeux bandés. Le tribbiu, grosse pierre qu’ils traînaient, séparait l’épi de la tige. Le vent, ce grand ventilateur, chassait la paille. Restaient les grains de blé que les hommes ramassaient et mettaient en sac. La récolte était ensuite lavée au fleuve, séchée puis stockée. Venait enfin, à l’automne, le temps de moudre ce grain au moulin. C’était l’assurance du pain quotidien.