Le vent est le maître du Cap Corse. Selon les études de Météo France, il souffle à plus de 60 km/h, en moyenne 184 jours par an. Et, quarante-cinq jours par an, ses rafales dépassent les 100 km/h.
Il serait plus juste de parler des vents. Certains sont mesurés, comme le marin (u marinu) qui vient de la mer et s’éteint au matin. Il y a u muntese (le montagnard) qui se lève la nuit. Il y a le Sirocco (u sciloccu), souffle tiède qui vient d’Afrique et pousse ses nuages gorgés de sable fin. Il y a u gregale, vent du nord, froid et pénétrant. Et puis il y a, au-dessus des autres, le libeccio (u libecciu), le vent-lion qui s’acharne sur toutes choses, maquis, maisons et mer mêlés. Les marins en savent quelque chose. Et les pompiers aussi quand les feux de maquis dévalent les collines. Il vient du sud-ouest, cogne contre la montagne du versant ouest du Cap, la franchit et, côté est, pousse furieusement jusqu’à la mer ses rouleaux compresseurs.
Le libeccio, plaie du Cap Corse ? Les ingénieurs du Plan Terrier l’écrivaient déjà en 1771 : « Le libeccio est regardé comme une sorte de fléau pour le règne végétal ; il domine au printemps et en automne, les saisons les plus précieuses pour la végétation et les récoltes. » Une grand-mère du Cap a même inventé une confiture, « la part du vent », faite de fruits tombés à terre au moment des bourrasques. Mais tout n’est pas mauvais dans le vent. Outre qu’il fait tourner moulins et éoliennes, le libeccio est un sculpteur hors pair. Pour s’en convaincre, rien de tel que de parcourir le sentier des douaniers de Tamarone à Centuri. A voir, après la cala francesce en partant de Santa Maria, la tortue géante sculptée dans un myrte par le libeccio. A Morsiglia, sur les chemins de Racamu, les arbres drossés par le vent s’inclinent vers la montagne. A Centuri, en quittant Cannelle vers Grotte a e piane, les arbustes forment des arcs au-dessus du sentier. Là, le vent est immobile. Sa réalité est figée : il s’est transformé en statue végétale. Statue qu’il reviendra raboter et polir dans quelques jours. Selon son bon vouloir. En maître du Cap Corse.
Il serait plus juste de parler des vents. Certains sont mesurés, comme le marin (u marinu) qui vient de la mer et s’éteint au matin. Il y a u muntese (le montagnard) qui se lève la nuit. Il y a le Sirocco (u sciloccu), souffle tiède qui vient d’Afrique et pousse ses nuages gorgés de sable fin. Il y a u gregale, vent du nord, froid et pénétrant. Et puis il y a, au-dessus des autres, le libeccio (u libecciu), le vent-lion qui s’acharne sur toutes choses, maquis, maisons et mer mêlés. Les marins en savent quelque chose. Et les pompiers aussi quand les feux de maquis dévalent les collines. Il vient du sud-ouest, cogne contre la montagne du versant ouest du Cap, la franchit et, côté est, pousse furieusement jusqu’à la mer ses rouleaux compresseurs.
Le libeccio, plaie du Cap Corse ? Les ingénieurs du Plan Terrier l’écrivaient déjà en 1771 : « Le libeccio est regardé comme une sorte de fléau pour le règne végétal ; il domine au printemps et en automne, les saisons les plus précieuses pour la végétation et les récoltes. » Une grand-mère du Cap a même inventé une confiture, « la part du vent », faite de fruits tombés à terre au moment des bourrasques. Mais tout n’est pas mauvais dans le vent. Outre qu’il fait tourner moulins et éoliennes, le libeccio est un sculpteur hors pair. Pour s’en convaincre, rien de tel que de parcourir le sentier des douaniers de Tamarone à Centuri. A voir, après la cala francesce en partant de Santa Maria, la tortue géante sculptée dans un myrte par le libeccio. A Morsiglia, sur les chemins de Racamu, les arbres drossés par le vent s’inclinent vers la montagne. A Centuri, en quittant Cannelle vers Grotte a e piane, les arbustes forment des arcs au-dessus du sentier. Là, le vent est immobile. Sa réalité est figée : il s’est transformé en statue végétale. Statue qu’il reviendra raboter et polir dans quelques jours. Selon son bon vouloir. En maître du Cap Corse.