La pratique religieuse en Corse, comme celle du continent, est en chute libre. Moins de 3% des insulaires se disent pratiquants réguliers. D’où vient alors l’impression générale ressentie en parcourant les villages du Cap, d’une religiosité diffuse mais présente qui se lit dans les paysages (les églises, couvents, chapelles et tombeaux), au bord des routes (les croix et les statues), mais aussi dans les manifestations religieuses (Vendredi Saint, pèlerinage de Lavasina, neuvaine du couvent d’Oveglia à Cagnano, fêtes votives dans de nombreux villages, comme la Saint-Roch fêtée à Barrettali, Ersa, Luri, Ogliastro, Pietracorbara, Pino, Rogliano et Tomino) ? Cette impression est renforcée, à Brando, par la présence colorée des confréries (une par hameau), véritable phénomène social, qui accompagne, tout au long de l’année, les célébrations religieuses de Brando et des communes environnantes.
Cette imprégnation du religieux à travers des actes de dévotion et une forte visibilité des symboles chrétiens est indissociable du Cap Corse.
C’est aussi une histoire qui vient de loin : l’histoire de la Corse tout entière. C’est, par exemple, à Nonza que sainte Julie aurait succombé à son martyre. Un oratoire renferme les deux sources qui auraient jailli en lieu et place de ses deux seins coupés. C’est le tableau miraculeux du sanctuaire de Lavasina qui fait de cette marine de Brando l’un des pèlerinages les plus suivis de Corse.
On passerait donc à côté d’un pan entier de la réalité capcorsine si l’on négligeait la dimension chrétienne du territoire. La route des chapelles ou le Chemin de Lumière rendent compte de cette réalité-là.